MICARE
GALERIE AL/MA
2024
En choisissant pour titre de son exposition, MICARE, Miles Hall souligne l’importance du choix du pigment utilisé pour cet ensemble de 10 peintures sur aluminium présenté dans sa prochaine exposition à la Galerie AL/MA. Le mot latin « micare » signifie briller, luire. Le mélange de titanium et de pigments minéraux contenant du mica produit une surface iridescente, changeante selon la lumière. La perception de la surface est rendue encore plus complexe par la présence d’un halo faiblement coloré, dû à la réflexion d’une couche de peinture fluo posée au dos de la plaque d’aluminium. Ce matériau a déjà été employé par Miles Hall, lors de sa seconde exposition à la Galerie AL/MA en 2009, préféré à la toile et au châssis pour sa résistance à la pression du geste mais également pour son coté « flatness », synonyme de plat et de lisse. Si l’aspect chromatique est très subtilement contrasté et défini par une surface claire, la matière est très animée, traversée par la trace de la spatule et griffée par des outils fins. Généralement l’extrémité d’une petite branche. Cet emprunt à la nature n’est pas un hasard. C’est autant un objet qu’une citation.
Il faut se souvenir des peintures des années précédentes, dont la composition est partagée entre une partie monochrome et une surface animée de traces aléatoires noires qui rappellent la densité d’un sous-bois sombre. Déjà, Miles Hall utilisait les branches à peine équarries pour tracer ses traits, à la recherche d’un geste archaïque. Ces deux espaces, radicalement opposés, traduisaient déjà cette dualité : un intérêt pour les techniques primitives confrontées à l’une des expressions les plus minimales de la peinture occidentale, le monochrome. Miles Hall préserve la radicalité de l’une sans renoncer à la picturalité de l’autre.
Chacune de ces peintures apparaît dans sa totalité comme le détail d’une surface immense, mur ou sol, lieu originel, impacté par de multiples contacts et participe d’une expérience aussi visuelle que tactile.
Miles Hall cite Imi Knoebel, peintre et sculpteur allemand qui a également travaillé sur aluminium. L’usage de cette surface rigide et lisse permet de superposer de nombreuses couches de peinture et de travailler la matière comme un enduit, un sédiment. Au travers de processus divers et sériels, son travail explore ainsi toutes les potentialités du geste et la matérialité de la peinture.